Tous les patients ayant un lupus systémique (selon les critères ACR 1997) traités dans le service de médecine interne et rhumatologie depuis 2008 pour une NLP prouvée par une biopsie rénale (classes III et IV ISN-RPS) se voyaient proposer un traitement d’attaque par mycophénolate ou cyclophosphamide (CYC) selon deux modalités (EUROLUPUS et NIH). Ceux choisissant 6 doses intraveineuses de CYC à 500 mg tous les 15 jours recevaient une dose initiale de 0,5 mg/kg/j de prednisone per os et pas de bolus de prednisolone, quand il n’y avait pas d’indication impérative (principalement glomérulonéphrite rapidement progressive, cytopénie auto-immune, myocardite, atteinte cérébrale). Trente-six patients consécutifs allaient choisir ce régime et être rétrospectivement évalués en consultation dans la vraie vie à 3, 6, 12, 24 et 36 mois pour l’apparition d’une rémission complète (RC : protéinurie 24 h < 0,5 g/j, pas d’hématurie/leucocyturie, créatininémie initiale ± 10 %), partielle (RP : mêmes critères sauf décroissance de 50 % de la protéinurie si rang néphrotique initial ou < 1 g/j si non néphrotique). L’échec était défini à 6 mois par la persistance d’un syndrome néphrotique, l’absence de diminution de la créatininémie < 114 microM si elle était inférieure à 228 microM initialement ou de diminution d’au moins 50 % si elle était supérieure à ce chiffre au départ. Il n’y avait aucun critère d’exclusion, même une incompliance déjà connue ou une insuffisance rénale sévère. L’incompliance était définie par l’absence avouée de prise complète de l’hydroxychloroquine, des immunosuppresseurs ou de la contraception.
Trente-quatre patients consécutifs (32 femmes, 2 hommes) recevaient 34 protocoles EUROLUPUS entre 2008 et 2015. Aucun patient n’était perdu de vue. Moins de 10 % des patients recevaient des bolus de méthylprednisolone. Le taux de rémission global (complète + partielle) était respectivement à 3 mois de 23,5 % (RC seulement), à 6 mois de 47,1 % (RC 41,2 % ; RP 5,9 %), à 1 an de 67,6 % (RC 55,9 % ; RP 11,7 %), à 2 ans et 3 ans de 76,5 % (RC 64,7 % ; RP 11,7 %). Le taux d’échec était de 14,7 % à 3 mois et de 23,5 % à 6 mois. Plus aucun n’était en situation d’échec au-delà de 6 mois. Parmi les patients en échec, 75 % étaient incompliants. La nécessité d’une épuration extrarénale était de 14,7 %, survenant pour toutes dans la première année, une incompliance étant retrouvée dans 80 % des cas.
Dans des conditions différentes des études prospectives (aucune sélection, en condition de vraie vie, étude rétrospective), le protocole EUROLUPUS dans notre population d’ascendance subsaharienne semble avoir des résultats très proches des études prospectives disponibles. Cela suggère que le mycophénolate n’est pas la seule molécule de choix dans les NLP dans les populations noires. Cela souligne aussi que les échecs sont très volontiers liés à des problèmes de compliance, imposant d’améliorer celle-ci par des méthodes comme l’éducation thérapeutique.